Des autrices de Science-Fiction

Cet article vise à promouvoir la science fiction écrite par des femmes (des balbutiements du genre jusqu’aux années 80). Il est écrit en collaboration avec Gabylc (de la chaine youtube Des Livres et des Loutres) et sera mis à jour au fil du temps.

Table des autrices (classement par date de naissance) :

Mary Shelley
(Frankenstein)

Charlotte Perkins Gilman
(Herland)

Katharine Burdekin
(Svastika night)

Karin Boye
(Kallocaïne)

Nathalie Henneberg
(La plaie)

Catherine Lucille Moore
(Shambleau)

James Tiptree
(Par delà les murs du monde)

Doris Lessing
(Canopus sur Argo)

Anne McCaffrey
(Ballade de Pern)

Ursula K. Le Guin
(Les dépossédés)

Julia Verlanger
(…)

Marge Piercy
(Une femme au bord du temps)

Joanna Russ
(L’autre moitié de l’homme)

Margaret Atwood
(La servante écarlate)

Chelsea Quinn Yarbro
(Fausse Aurore)

Octavia E. Butler
(La parabole du semeur)

Vonda N. McIntyre
(Le serpent du rêve)

Joëlle Wintrebert
(Les olympiades truquées)

Lois McMaster Bujold
(Saga Vorkosigan)

Parties mises à jour :

  • 08/12/2018 : Kallocaïne – Karin Boye
  • 19/01/2019 : Frankenstein – Mary Shelley
  • 17/05/2019 : L’invention du représentant de la planète 8 – Doris Lessing
  • 11/06/2019 : L’autre moitié de l’homme – Joanna Russ

Parties non mises à jour au sein de cet article, mais pour lesquels j’ai lu et commenté ma lecture dans d’autres articles ultérieurs :

(Pour les autres parties, les descriptions biographiques et synopsis sont tirés de Babelio et de Wikipédia)

Mary Shelley
(1797-1851)

En 1816, alors qu’elle est âgée de 18 ans, Mary Shelley visite la Suisse avec son mari et devient la voisine de Lord Byron. C’est à cette occasion qu’elle entame l’écriture du roman pour lequel nous la connaissons : Frankenstein ou le Prométhée moderne.

Nous commençâmes à nous divertir en voguant sur le lac ou à nous promener sur ses rives […] Mais cet été se révéla pluvieux, désagréable ; souvent une pluie incessante nous empêchait, des jours durant, de sorti de la maison. Quelques volumes d’histoires de revenants, traduite de l’allemand en français, tombèrent entre nos mains. […]« Nous écrirons chacun une histoire de fantôme », dis Lord Byron, dont la proposition fut acceptée. Nous étions quatre. […]Je me préoccupai d’écrire une histoire – une histoire qui rivaliserait avec celle qui nous avaient incitées à assumer cette tâche. Une histoire qui s’adresserait aux peurs mystérieuses existant dans notre nature et qui éveillerait une horreur poignante ; une histoire qui ferait que le lecteur n’oserait point regarder autour de lui, qui glacerait le sang et ferait battre plus vite le cœur.
[Mary Shelley, Préface à Frankenstein, édition de 1831]

A l’origine, Frankenstein se veut dans le prolongement des histoires gothiques, mais témoigne aussi d’une volonté d’aller au delà :

Je n’ai pas voulu me contenter de tramer un tissu de faits surnaturels et terrifiants. L’évènement dont dépend l’intérêt de l’histoire est exempt des inconvénients que comporteraient une simple histoire de spectres et d’ensorcellement. Il a été choisi en raison de la nouveauté des situations qu’il expose et, quelque impossible qu’il soit au regard de la réalité physique, il offre à l’imagination un point de vue lui permettant de décrire les passions humaines d’une façon plus complète et plus impressionnante que ce n’est le cas quand on relate l’enchaînement ordinaire d’évènements véridiques.
[Préface à Frankenstein, Édition de 1818]

Dans sa démarche, Mary Shelley se place donc à la fois dans la continuité et en décalage avec les œuvres qui l’ont précédée. Elle a une volonté d’explorer des idées scientifiques plausibles (quoi que non vérifiées) pour parler de la société de son temps : Bien avant que le nom ne soit inventé, Mary Shelley écrit le tout premier roman de science fiction de l’histoire (ce qui est bien sûr soumit à discussion, puisque justement, le terme n’existant pas, Mary Shelley ne s’est jamais revendiquée de ce genre).


Si elle a une carrière prolifique (elle écrit notamment les romans Valperga en 1823 et Le Dernier homme en 1826) elle sera de son vivant (jusque vers 1870) surtout connue pour ses efforts pour faire connaitre les œuvres de son mari. Elle déclare :

  [Mon mari] ne se laissait pas de m’inciter à me faire un nom en littérature, ce à quoi j’attachais moi-même du prix à l’époque, même si, depuis lors, j’y suis devenue infiniment indifférente.
[Mary Shelley, Préface à Frankenstein, Édition de 1831]

A ce titre, il est intéressant d’observer le détachement avec lequel Mary Shelley présente son œuvre. En effet, si dans l’édition de 1818 de Frankenstein, la préface (écrite par son mari en son nom) met un grand soin à expliquer les intentions de l’autrice

Je ne suis en rien indifférente à la façon dont les inclinaisons morales qui peuvent se manifester au travers des sentiments ou des personnages de cette histoire affecteront le lecteur. Cependant […] l’on ne doit pas penser que les opinions qu’évoquent naturellement le caractère du héros et sa situation reflètent systématiquement mes propres convictions ; de même, les conclusions que l’on peut à juste titre tirer des pages qui suivent doivent-elle préjuger d’aucune doctrine philosophique, quelle qu’en soit la nature.
[Préface à Frankenstein, Édition de 1818]

c’est avec flegme qu’elle introduit (de sa main) l’édition de 1831 :

Et maintenant, une fois encore, j’invite ma hideuse créature à aller prospérer. J’éprouve de l’affection pour elle, car elle est l’enfant de jours heureux, lorsque mort et chagrin n’étaient que des mots qui ne trouvaient point d’écho en mon cœur.
[Mary Shelley, Préface à Frankenstein, Édition de 1831]

Frankenstein, ou le Prométhée moderne
(1818)

Un récit, dans un récit, dans un récit : Robert Walton, parti en expédition au pôle nord, écrit à sa sœur des lettres qui contiennent la longue confidence du docteur Victor Frankenstein, qui elles-même incluent une retranscription du récit de la créature.

Ici, les deux points de vues d’importance, celui de Frankenstein comme celui de la créature, sont rapportés (doublement rapportés, triplement rapportés). Voilà peut-être ce qui porte Frankenstein jusqu’à nos jours : le lecteur, conscient d’avoir affaire à un narrateur peu fiable, est forcé de chercher sa propre interprétation, de se questionner. Que dit l’œuvre ?

Sur la science, de prime abord, on peut voir une critique, puisque c’est son exercice qui mène à la création du monstre, quand elle est pratiquée sans but. Frankenstein en effet ne se préoccupe pas des retombées de ses découvertes, c’est l’exaltation seule qui le pousse à faire des recherches, et de cela il se repentit :

Un être humain qui connait la perfection devrait toujours garder l’esprit calme et paisible, et ne jamais laisser la passion ou un désir transitoire perturber sa quiétude. Je ne pense pas que la quête du savoir fasse exception à cette règle. Si l’étude à laquelle on se livre a tendance à affaiblir les affections et à détruire le goût de ces plaisirs simples auxquels nul alliage ne saurait se mêler, alors cette étude est à coup sûr illégitime, à savoir qu’elle ne sied pas à l’esprit humain
[p.84 – Frankenstein narrateur]

Mais Victor Frankenstein n’est pas « la science », il est même présenté comme à côté de la communauté. Il commence ses études en s’intéressant à des auteurs décriés, ce qui lui vaut quelques moqueries de la part de ses professeurs. Il se rattrape parce qu’il est brillant, mais c’est seul qu’il entreprend ses expériences. Plus tard, alors qu’il est parvenu à fabriquer un corps et à lui donner la vie (un exploit), c’est sans rigueur scientifique qu’il appréhende sa créature :

Se pouvait-il – je frémissais à cette seule idée – qu’il fût l’assassin de mon frère ? A peine cette idée m’eut-elle traversé l’esprit que je fus convaincu de sa véracité. Je claquais des dents et fus obligé de m’appuyer contre un arbre pour ne pas tomber. La silhouette passa rapidement près de moi et la pénombre la dissimula à ma vue. Rien qui eût figure humaine n’aurait pu détruire ce bel enfant. C’était lui l’assassin ! Le doute ne m’était pas permis. Le seul fait que j’y eusse pensé prouvait la chose de manière irréfutable.
[p.113 – Frankenstein narrateur]

« Le seul fait que j’y eusse pensé prouvait la chose de manière irréfutable », quel scientifique pense ainsi ?

Dans la première moitié du roman, alors que Frankenstein raconte, le monde semble reposer uniquement sur les apparences : la créature est mauvaise car son apparence est hideuse, à l’inverse d’Elizabeth, sœur adoptive et future femme de Victor, dont on reconnait la vertue par la grâce de son visage.

[Ma mère] découvrit un paysan et sa femme, travailleurs acharnés, accablés de soucis et de labeur, qui étaient en train de distribuer un repas frugal à cinq jeunes enfants affamés. L’une d’elle attira tout particulièrement l’attention de ma mère. […] Cette enfant là était fine et très belle. […] Elle avait le front clair et très haut, des yeux bleus sans le moindre nuage ; ses lèvres et la forme de son visage exprimaient une telle sensibilité et une telle douceur que nul ne pouvait la contempler sans voir en elle un être à part, un don divin, dont tous les traits portaient en eux une emprunte céleste.
La paysanne […] ne se fit pas prier pour dire son histoire. Ce n’était pas son enfant, mais la fille d’un noble Milanais.
[…]Lorsque mon père revint […] avec son autorisation, ma mère convainquit ses rustiques tuteurs de la lui confier.
[p.554 – Narrateur Frankenstein]

Victor Frankenstein est attaché à « la nature » des choses. Ainsi, en vertu de sa belle allure et de sa noble naissance, accepte-t-il immédiatement Elizabeth comme sienne

La veille au soir de son arrivée chez nous, ma mère me dit plaisamment : « J’ai un joli présent pour mon Victor […] » Et quand, le lendemain matin, elle m’offrit en la personne d’Elizabeth le cadeau qu’elle m’avait promis, j’interprétais ses paroles littéralement, avec tout mon sérieux d’enfant, et je tins Elizabeth pour mienne.
[p.55 – Frankenstein narrateur]

alors qu’il rejette sa créature dès l’instant où elle ouvre les yeux

Cela faisait presque deux ans que je travaillais dur, avec pour seul objet de communiquer la vie à un corps inanimé. […] Mais maintenant que j’en avais terminé, la beauté du rêve avait disparu et une horreur et un dégout à couper le souffle m’emplissait le cœur. Incapable de supporter la vue de l’être que j’avais créé, je quittai précipitamment la pièce
[p.86 – Frankenstein narrateur]

Mais alors que Frankenstein, en tant que narrateur, ne remet jamais en question son jugement (jusque sur son lit de mort, arrive le discours de la créature, et c’est un être sensible que l’on découvre, seulement affligée d’une apparence repoussante qui la condamne au rejet.

Parmi les myriades d’être humains qui existaient, il n’en était pas un qui eût accepté de me prendre en pitié ou de m’aider ; et aurais-je du éprouver de la bienveillance envers mes ennemis ? Non : à compter de cet instant, je déclarai une guerre éternelle à l’espèce humaine et, au premier chef, à celui qui m’avait fabriqué, pour me livrer ensuite à cette insupportable calamité.
[p.200 – Créature narratrice]

La créature, vivant cachée, pose sur le monde un regard critique. D’abord séduite par la bonté d’une famille qu’elle observe, elle apprend la façon dont le monde fonctionne.

J’appris ce qu’étaient la hiérarchie, l’hérédité, le sang noble.
Ces mots me poussèrent à faire un retour sur moi-même. Je compris qu’une haute naissance, exempte de tout mélange associé à la fortune, était ce que tes semblables pouvaient posséder de plus enviable. Il se pouvait qu’un homme eût droit au respect en ne jouissant que d’un seul de ses avantages, mais que s’il n’avait ni l’un ni l’autre, on le tenait – sauf en de rares exemples – pour un vagabond et un esclave, condamné à gaspiller ses talents au bénéfice de quelques heureux élus !
[p.176]

C’est de ces deux discours contradictoires sur l’origine du mal (pour Frankenstein il est inné, tandis qu’il résulte d’une misère sociale et d’un sentiment d’injustice pour la créature) que nait le troisième et dernier acte du roman : le pacte.

Il te faut créer une femelle à mon intention, avec qui je puisse vivre en échangeant les sentiments de sympathie qui sont nécessaires à mon être. Tu es le seul à pouvoir le faire ; et j’exige cela de toi comme un droit que tu ne dois point refuser d’accorder
[p.211 – Requête de la créature à Frankenstein]

Quand la narration revient à Frankenstein, il est forcé de s’interroger : doit-il, ou ne doit-il pas, renouveler son expérience pour créer une deuxième créature ?

Au delà du dégout que cette tâche lui inspire, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent, et qui questionnent le lecteur sur les rôles que l’on assigne aux uns et aux autres :

A présent, j’étais sur le point de fabriquer une autre créature, dont je méconnaissais […] les dispositions […] Il avait juré de quitter le voisinage des hommes et de se cacher en régions désertes ; elle, en revanche, n’avait rien juré, et comme, selon toute probabilité, elle était appelée à devenir un animal capable de penser et de raisonner, elle refuserait-peut-être de donner son assentiment à un pacte conclu avant même qu’elle n’eût été créée.
[p.241]

La vidéo de Gabylc

Charlotte Perkins Gilman
(1860-1935)

Charlotte Perkins Gilman fut une des pionnières du mouvement féministe blanc américain.

Par féminisme blanc, on entend une branche particulière du féminisme qui se sert du racisme comme marche-pied pour obtenir des privilèges pour les femmes (blanches, donc).

[A la fin du 19e siècle], les hommes blancs craignaient que la société recule à un stade « primitif » s’ils accordaient le droit de vote aux femmes. Pour eux, les femmes étaient biologiquement faites pour la reproduction et non pour la pensée politique, ce qui justifiait qu’on leur refuse des droits.
Les féministes telles que Charlotte Perkins Gilman ont alors répondu que les différences biologiques prouvaient justement une supériorité raciale blanche partagée (alors que les « races inférieures » étaient « sexuellement ambiguës »). Elles ont réécrit la différenciation sexuelle (un outil du sexisme) comme une preuve de la suprématie blanche. Faisant du racisme un levier pour surmonter le sexisme, elles ont soutenu qu’elles méritaient des droits parce qu’elles avaient un rôle essentiel de « mères de la race » et de messagères de la « civilisation » auprès des autres races.
Ironiquement, alors qu’elles critiquaient le sexisme dans leurs propres communauté, elles affirmaient que le patriarcat était « nécessaire pour l’avancement des femmes primitives ». Les femmes noires, les indigènes, ou racisées en général (BIPOC) n’étaient pas jugées prêtes pour le féminisme. Elles devaient d’abord prouver être des « vraies femmes » (pieuses, soumises, bien habillées)
[Traduction d’un post Instagram de Alok V Menon : Histoire du féminisme blanc. Voir aussi Histoire raciste des normes de genre aux état unis, toujours sur le compte insta d’Alok V Menon]

Romancière, nouvelliste, poète, elle fit de nombreuses conférences sur les réformes sociales.

Sa nouvelle la plus célèbre, The Yellow Wall-Paper aborde le problème de la dépression contre laquelle elle dut lutter. Ses vues sur la folie, la création et la condition féminine ont souvent été rapprochées de celles de Virginia Woolf.

Partisane du droit à la mort digne, Gilman se suicida lorsqu’un cancer commença à diminuer ses facultés.

Herland
(1915)

Ce roman décrit une société isolée entièrement composée de femmes, qui se reproduisent par parthénogenèse. Le résultat est un ordre social idéal : libre de guerre, de conflit et de domination.

Il s’agit d’une utopie, que j’évoque dans mon article dédié au sujet : « utopies que l’on atteint pas« 

 

Katharine Burdekin
(1896-1963)

Inconnue du public français, Katharine Burdekin est l’une des rares écrivains britanniques à dénoncer, aux travers de romans d’anticipation, l’idéologie phallocrate de l’Angleterre des années 1930.

« Swastika night » fut publié en 1937 sous le pseudonyme de Murray Constantine.
Peu après « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley et bien avant le célèbre « 1984 » de George Orwell, cette dystopie sur l’anéantissement de l’individu, aux accents féministes, demeure étrangement prémonitoire.

Swastika night
(1937)

Sept cents ans après la victoire d’Hitler, l’Europe est soumise à l’idéologie nazie. Les étrangers servent de main-d’oeuvre servile, les femmes de bétail reproducteur, le progrès technique est interdit dans une société exclusivement agraire. Alfred, un jeune anglais en pèlerinage, est mis au courant par le chevalier von Hess de l’existence d’une chronique retraçant l’histoire de l’ancien monde…

Karin Boye
(1900-1941)

Karin Boye est une romancière et poétesse suédoise. Elle publie ses premiers poèmes en 1922 et son premier roman (Astrarté) parait en 1931.

Sa poésie est traversée de questionnements métaphysiques empruntant aussi bien à la mystique chrétienne qu’à la mythologie et au folklore nordique. Sous les dehors d’une simplicité formelle désarmante, elle témoigne des interrogations, des tourments et des joies d’une personnalité angoissée, en quête d’absolu. Ses romans, lorsqu’ils n’explorent pas les travers d’une société en voie de modernisation, réfléchissent à la place de l’artiste dans celle-ci, avec une volonté constante de recherche stylistique et d’innovation. »
[postface à Kallocaïne, Leo Dhayer]

Engagée, elle rejoint le mouvement socialiste et antifasciste Clarté, dans lequel elle reste de 1922 à 1932.

Au début des années 30, en Allemagne, elle rencontre Margot Hanel qui devient sa compagne (en dépit de l’homophobie de la société et de sa famille).

En Allemagne, dans les années 30, en couple avec une femme juive… Karin Boye assiste en première loge à la montée du Nazisme.

Ni le succès public et critique que lui valent ses romans, ni le secours des cures psychanalytiques qu’elle suit à la chaîne ne l’aidera à surmonter ses angoisses et l’écart qu’elle sent se creuser entre son idéal de femme et d’artiste et les contingences du monde matériel. C’est dans ce contexte qu’elle rédige, pendant l’été 1940, ce qui reste sa dernière œuvre et celle que récompense une audience internationale durable : Kallocain.
[postface à Kallocaïne, Leo Dhayer]

Karin Boye se suicide quelques mois seulement après la publication de Kallocaïne (en avril 1941) bientôt suivie par sa compagne Margot Hanel (qui se donne la mort quelques semaines plus tard en mai 1941).

On considère Kallocaïne comme l’une des quatre principales dystopies du XXe siècle avec Nous autres (Zamiatine, 1920), Le Meilleur des mondes (Huxley, 1932), et 1984 (Orwell, 1949).

Kallocaïne
(1940)

Kallocaïne est un roman du totalitarisme, ou l’individu est écrasé par la société, ou le collectif prime toujours.

Si nous en venions à découvrir des frises de barbelés en travers de nos rues, ne supporterions nous pas ces restrictions à notre liberté de mouvement ? Bien sur que si ! Car nous saurions que tout ceci est fait pour le bien de l’Etat, pour stopper ses ennemis. […] Parce que nous comprenons et approuvons que l’Etat est tout, et que l’individu n’est rien. Parce que nous réalisons et acceptons que l’essentiel de ce que nous appelons « la culture » – mises à part les connaissances purement techniques – doit demeurer un luxe que l’on ne peut se payer qu’en temps de paix (et ces époques pourraient ne jamais revenir). Seuls comptent les besoins fondamentaux de l’existance, ainsi et que les activités militaires et policières sans cesse plus développé. Tel est le cœur battant de l’Etat. Le reste est superficiel.
[p.166]

Dans ce contexte, où les camarades-soldats sont avant tous des outils aux mains de la société

Il faut garder à l’esprit que tout citoyen est un instrument précieux, qui a couté cher à la collectivité !
[p.164]

et où les femmes intériorisent qu’elles valent moins que les hommes

« Un temps viendrait peut-être, songeai-je, où les femmes deviendraient inutiles, où l’on apprendrait à préserver leurs ovaires tout en jetant le reste à l’égout. Alors, l’État Mondial pourrait n’être plus peuplé que d’hommes, et s’épargner les frais occasionnés par la nourriture et l’éducation des filles. Cela procure une drôle de sensation de vide, de se savoir un réceptacle provisoirement nécessaire mais bien trop couteux. »
[p268]

le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité.

« Un moyen pour obliger tout être humain à révéler ses secrets, toutes ces choses qu’on garde par devers soi, sous le coup de la honte ou de la peur »
[p20]

Dans sa découverte, il place beaucoup d’espoirs :

– Ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que le dernier vestige de notre vie privée disparaitrait.
– Eh bien, cela ne serait pas un mal ! lançais-je gaiement. La collectivité pourrait ainsi investir l’ultime recoin où des tendances asociales pouvaient se tapir. De mon point de vue, cela signifie simplement l’avènement de la communauté intégrale.
[p83]

Mais sous l’emprise de la kallocaïne, les cobayes ont des propos qui l’affectent bien plus qu’il n’est prêt à l’admettre.

Certains aspireraient à autre chose… mais à quoi ? Et comment ? Cela n’est pas acceptable.

« Comment cela se fait-il ? murmura-t-elle d’un ton angoissé. Comment peut-on chercher quelque chose qui n’existe pas ? Comment peut-on éprouver une lassitude mortelle alors qu’on est en parfaite santé et que tout est comme il doit être… »
[p253]

Nathalie Henneberg
(1910-1977)

Nathalie Henneberg écrit avec son mari Charles Henneberg. Après la mort de ce dernier (qui publiait en son nom seul les romans du couple), elle publie d’autres livres, d’abord sous le double nom de Charles et Nathalie Henneberg, puis sous son nom seul.

La plaie
(1999)

An 3000. Une force d’origine inconnue, que l’on nomme la « Ténèbre » ou la « Plaie », s’est emparée de la Terre pour la plonger dans la souffrance, le meurtre et l’ignominie. Par l’entremise des « Nocturnes », ses agents, elle étend son règne dans l’univers des Astres libres.

Mais la Terre elle-même secrète l’antidote au mal qui la ronge ; il s’agit de mutants aux pouvoirs mal définis, que les Nocturnes redoutent et pourchassent : voyants, sensitifs… ou vireurs d’univers, les plus puissants, les plus mystérieux. Au terme d’un exode vertigineux sur des mondes hallucinants, c’est une armée hétéroclite qui fera route vers Sigma, capitale des mondes arcturiens, où l’attend l’ultime affrontement avec les forces du mal.

Catherine Lucille Moore
(1911-1987)

Catherine Moore fut l’une des premières femmes à se consacrer au genre littéraire de la science fiction et ouvrit la voie à de nombreuses autres auteurs de fiction.

Ses premiers récits sont publiés dans des pulp magazines dans les années 1930, dont deux séries importantes dans Weird Tales, notamment les aventures de Northwest Smith dont la plus célèbre est Shambleau (la première que Catherien Moore vendit à une revue professionnelle). Ses premiers récits étaient remarquables pour leur approche de la sensualité et des émotions, une approche très rare à cette époque. 

En 1936, elle rencontre Henry Kuttner, un autre écrivain de science-fiction, qui deviendra son collaborateur et, par la suite, son mari en 1940. Le couple écrivit de nombreuses nouvelles, et signeront la quasi-totalité de leurs textes en commun

Shambleau
(1933)

D’étranges légendes courent l’espace. Des hommes, à la peau tannée par la brûlure de mille soleils, se les répètent en chuchotant, l’esprit rempli de terreur.
Un jour, au détour du marché de Lakkmanda, Northwest Smith, l’archétype de l’aventurier spatial, mercenaire romantique aux amours non humaines, se dresse seul contre une foule hostile. A ses pieds s’est réfugiée une pitoyable créature, tout à la fois femme, animal et végétal…
Et Northwest sera confronté avec le mythe le plus fascinant et le plus redoutable que l’homme ait jamais rapporté du fond du cosmos : une Shambleau…

James Tiptree Jr.
(1915-1987)

Alice Bradley Sheldon, plus connue sous le nom de James Tiptree Jr a contribué à discréditer l’idée selon laquelle les hommes et les femmes écrivent différemment (ce n’est que 1977 que sa féminité est révélée au grand jour)

Elle consacre la majeur partie de sa carrière à la nouvelle et publie également deux romans.

Elle est aussi tristement connue pour le meurtre validiste de son mari rendu « grabataire » (elle se suicide juste après l’avoir tué).

Par delà les murs du monde
(1978)

Sur Terre, le docteur Daniel Dann est chargé de suivre les sujets du projet Polymère, tous des télépathes potentiels. Pendant ce temps, dans l’espace, un être gigantesque et tout-puissant détruit les systèmes solaires les uns après les autres, obéissant à un ordre dont il a oublié la provenance et la signification. La planète Tyree va, à son tour, être anéantie. Ses habitants, les Tyrenni, cherchent désespérément un moyen de survivre, et tout particulièrement les Pères, chargés de porter et d’élever les enfants. Ces trois espèces, si différentes, vont-elles parvenir à communiquer? Les Tyrenni échapperont-ils au Destructeur de mondes?

Dans ce roman de science-fiction vertigineux, James Tiptree Jr. parvient à nous faire ressentir l’altérité de ses personnages brisés, menacés d’extinction, tout en maintenant un supense haletant.

Doris Lessing
(1919-2013)

Née en 1919 en Perse, Doris Lessing forge sa conscience politique au contact de la réalité coloniale qu’elle dénonce (entre autres choses) dans ses romans (elle finira d’ailleurs par être interdite de séjour dans toutes l’Afrique du Sud et en Rhodésie où elle a grandit).

Elle rencontre le succès dès 1950 avec la sortie de son premier livre « Vaincue par la brousse » et est surtout connue pour son roman « Le carnet d’or » paru en  1962. En 2007, l’ensemble de son œuvre est récompensée par le prix Nobel de littérature.

Engagée, elle défend avec franchise une littérature qui se passe d’argument d’autorité :

Je reçois beaucoup de lettre de jeunes gens qui s’apprêtent à écrire des thèses et des dissertations sur mes livres […] Tous me disent « S’il vous plait, donnez-moi la liste des articles concernant votre œuvre, des critiques qui ont écrit sur vous, des autorités » […]Je réponds à ces requêtes de la manière suivante :  » Cher étudiant(e). Vous êtes fou. […] »
[Le carnet d’or, Préface 1971]

Ses romans sont féministes et politiques, se dont elle se défend pourtant.

En confiant le manuscrit à l’éditeur et à des amis, j’appris que j’avais écris un tract sur la guerre des sexes et découvris bientôt qu’aucune protestation de ma part ne pourrait modifier le diagnostique.
Pourtant, l’essence même du livre, son organisation, tout en lui proclame implicitement et explicitement qu’il ne faut pas séparer les choses, les compartimenter.
[Le carnet d’or, Préface 1971]

Son engagement est là, mais se passe d’étiquette.

Pour en finir avec le sujet de la libération de la femme, j’y souscris, bien sûr […]Mais ce roman [Le carnet d’or] n’était en rien le héraut de la libération de la femme.
[Le carnet d’or, Préface 1971]

Aussi, quand elle entame sa série de science fiction Canopus sur Argo, elle ne se revendique pas particulièrement du genre, se contente d’écrire sur les thèmes qui lui parlent.

J’aimerais tellement que les critiques et lecteurs considèrent cette série, Canopus dans Argo : Archives, comme un cadre me permettant de raconter (du moins l’espéré-je) une ou deux histoires envoutantes ; de poser des questions, tant à moi-même qu’aux autres ; d’explorer idées et possibilités sociologiques.
[Les expériences siriennes, préface]

Elle veut seulement, du moins le supposé-je, écrire encore sur les thèmes qui lui sont chers, en se désespérant de devoir s’expliquer :

La réception de Shikasta et, dans une moindre mesure, des Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq, semble imposer quelques mots de clarification de ma part… si j’ai créé toute cette cosmologie, c’était uniquement à des fins littéraires !
[Les expériences siriennes, préface]

Canopus dans Argo : L’invention du représentant de la planète 8
(1982)

Et c’est ainsi que je vois les choses : il y a un rêve figé sous la glace, quelque chose qui n’avait aucune substance propre ; et pourtant c’était la
vie, cela vivait
[L’invention du représentant de la planète 8, p.107]

Quatrième et avant dernier opus de la série Canopus sur Argo (mais l’ordre importe peu), l’invention du représentant de la planète 8 raconte l’arrivée de l’hiver sur une planète estivale. C’est une histoire de survie par la mort, paradoxalement.

Ce thème de l’effondrement, cette notion que parfois, quand les gens « craquent », c’est une façon de guérir, et du rejet par le moi intérieur des fausses divisions et dichotomies
[Le carnet d’or, préface 1971]

C’est un récit du désespoir. Pour les habitants de la planète 8, il fait trop froid, les corps ne peuvent pas le supporter, ils s’affadissent, les volontés s’étiolent, le mur bâti pour repousser le froid fini par céder face à la glace, et la promesse d’un ailleurs n’est pas tenue. Que reste-t-il alors ?

« Il y a peu, rétorquai-je donc, j’étais une créature aussi svelte que vive, à la peau marron […] Et à présent je suis une lourde créature aussi grasse qu’épaisse, affublée d’une terne peau tirant sur le grisâtre. […] Fort bien, je ne suis plus l’élégant animal que j’étais et je ne suis pas ce rustre pataud. Mais je m’extraie toujours du sommeil en songeant : Me voici. Je me reconnais. »
[L’invention du représentant de la planète 8, p.71]

Je veux parler de cet opus en particulier parce qu’il me parle. Trop. Peut-être.

Que reste-t-il quand il ne reste rien ? Comment vivre quand on a renoncé à exister ?

Qu’est-ce que cela veut dire, vivre, d’abord ? Je veux répondre à cette question, mais il me faut pour le faire admettre d’abord que je n’ai pas vécu. J’ai trainé ma carcasse dans l’existence en espérant qu’une puissance extérieure vienne me sauver, être secourue par un autre monde, croire à la magie parce qu’il le faut, que c’est le dernier point d’accroche. Et puis fermer les yeux.

La nuit est à moi.

Quand je dors, je ne suis pas limitée.

J’ai toujours pu mesurer mon bonheur à l’heure où je sors du lit : moins ça va, moins je me lève.

L’invention du représentant de la planète 8 parle précisément de cela, de cet état d’attente qui n’en est pas une, de cette veille semi-consentie, disons, par défaut, parce qu’en dehors des plis de la couette, à quoi bon ?

Elle se résume à rien, mon existence, à un simple petit rêve. Croyez-moi, Canopus : quand je reviens à moi après avoir dormi, mes rêves me semblent parfois plus vivants que mes heures éveillées. […] Parfois, à mon réveil, je n’arrive pas à faire face à l’interminable journée qui m’attend. Et souvent, en pleine journée, sa réalité me semble si épaisse qu’elle me renvoie directement dans le sommeil, ne serait-ce que pour quelques instants – histoire d’oublier un moment le fardeau d’être… conscient
[L’invention du représentant de la planète 8, p103]

Le roman, écrit d’un seul bloc, sans coupure entre les chapitres, raconte par la voix de Doeg la lente décrépitude de tout un peuple. Cela pourrait paraitre terrible, mais ça ne l’est pas. Il n’y a qu’un renoncement

Des contraintes, des obligations – mais pourquoi, quel intérêt de faire une chose pareille ? nous demandaient muettement leurs yeux
[L’invention du représentant de la planète 8, p.116]

Et ensuite la paix, l’acceptation. C’est beau en vérité, l’acceptation.

Les habitants de la planète 8 se voient tels qu’ils sont, des amas d’atomes dansant, guères plus matériels que les rêves, tout compte fait.

Une brume ayant pris forme, voilà ce que je suis
[L’invention du représentant de la planète 8, p.77]

Ils ont conscience que les changements ont commencé à s’opérer bien avant l’arrivée du froid, qu’ils continueront après. Ils cherchent à dire qui ils sont, dans un monde où chacun est désigné par sa fonction, et alors qu’il ne reste rien à faire. Ils demandent : Qui suis-je ? Quel est mon nom ?

Et ainsi de suite, l’un après l’autre […] chacun de nous posant successivement cette question à Johor, expliquant où et comment et pourquoi, mais se répondant à lui-même – répondant à tout ce qu’on voulait nous-mêmes savoir, mais finissant toujours par cette question pour laquelle nous n’avions aucune réponse, tant cela nous dépassait – que suis-je, qui suis-je et quel est mon nom ? Ou quel était notre nom ?
[L’invention du représentant de la planète 8, p.126]

Ils trouvent à exister en dehors de la matérialité qui n’est pas viable, se disent que l’essence de ce qu’ils sont perdurera en d’autres temps et en d’autres lieux, il faudra toujours quelqu’un pour s’occuper des verger, pour soigner, pour prendre soin, pour enseigner, pour raconter.

Et alors tout cède. Plus de corps. Plus d’obstacle. Plus de mur.

Ainsi franchîmes-nous ce mémorable mur que nous avions bâti – l’imprenable, l’inviolable, l’imperméable : le mur censé nous préserver à jamais du désastre, jusqu’à ce que Canopus arrive avec ses flottes scintillantes. Nous le franchîmes sans même nous en rendre compte
[L’invention du représentant de la planète 8, p.132]

Tout meurt, et le regard change. Le paradoxe se révèle : c’est par la beauté que tout fut détruit, tout petit flocon virevoltant.

Nos nouveaux yeux n’avaient aucune perspective stable. [On] ne voyait plus qu’une chose : la dimension enchanteresse de ces innombrables formes et structures complexes. Des cristaux scintillants nous entouraient, tous différents, mais constituant chacun une véritable merveille de subtilité et d’équilibre, une chose qu’on aurait pu passer notre vie à contempler… [C’était] donc par l’entremise de telles beautés que notre petite planète avait lentement été
mise à mort.
[L’invention du représentant de la planète 8, p.132]

L’état des personnages à la fin du roman peut être vu comme la mort ou comme la vie, à chacun de trancher.

— Dans l’obscurité dont nous sommes tous originaires.
— Dans la – lumière dont nous sommes tous originaires.
[L’invention du représentant de la planète 8, p.70]

Pour ma part, je dirais que la léthargie est douce, c’est pourquoi elle est choisie. La douleur vient plus tard, au moment de se réincarner, quand on trouve des attaches qui nous donnent envie d’avoir un corps, que l’on se retrouve avec cette volonté terrible d’affronter tout ce à quoi on a jamais eu la force de faire face. Mais ceci est une autre histoire.

« Il existe plus d’une façon de mourir », murmura-t-il, avant de la fixer droit dans les yeux.
[L’invention du représentant de la planète 8, p.75]

Anne McCaffrey
(1926-2011)

Anne McCaffrey a publié sa première nouvelle de science-fiction en 1953 et a, depuis, acquis une place toute particulière dans le genre, dont les deux plus prestigieuses récompenses, le pris Hugo et le prix Nebula, lui ont déjà été décernées. Plusieurs de ses romans et un certain nombre de ses nouvelles ont déjà été traduit en français.

Son imagination donna naissance a plusieurs univers, le plus peuplé, en terme de livres, étant celui de la planète Pern et de ses chevaliers dragons.

La Ballade de Pern T1 : Le vol du dragon
(1968)

Tout est calme en tous lieux sur la planète Pern. Les terrifiantes incursions des Fils argentés ont cessé depuis des temps immémoriaux. Les habitants ne savent plus pourquoi ils habitent dans des grottes et versent la dîme aux chevaliers-dragons. On ne croit plus aux mythes relatifs à leurs folles chevauchées sur les grands dragons télépathes et à leurs actions d’éclat contre les redoutables Fils, qui anéantissaient toute vie organique. Les dragons deviennent rares dans le ciel de Pern.

Mais le chevalier F’lar, maître du dragon Mnementh, se remet à étudier les vieilles légendes. L’Étoile Rouge se rapproche. Bientôt les Fils se remettront à tomber. Sur Pern il faut organiser la défense, et pour commencer rendre à la race des dragons son antique fécondité. Une nouvelle Reine va naître. Il faut une fille énergique pour la chevaucher. Où trouver celle en qui survit le don ancestral ?

Ursula K. Le Guin
(1929-2018)

Ursula Le Guin est surtout connue pour ses nouvelles et romans de science-fiction dans lesquels elle explore de façon originale des thèmes anarchistes, féministes, psychologiques ou de l’identité sexuelle.

Elle rencontre le succès avec la publication en 1969 de son roman La main gauche de la nuit qui reçoit les prix Hugo et Nebula. Il est devenu depuis un des grands classiques de la science-fiction.

La plupart de ses écrits science-fictifs se distinguent par l’importance qu’ils accordent aux sciences sociales comme la sociologie ou l’anthropologie. Elle s’est beaucoup intéressée aux questions environnementales.

En 2002, le prix Nebula lui décerne le titre de grand maître de la science-fiction.
En 2014, elle reçoit le National Book Award pour toute son œuvre, une des distinctions littéraires les plus prestigieuses des États-Unis.

Les dépossédés
(1974)

Sur Anarres, les proscrits d’Urras ont édifié, il y a cent soixante-dix ans, une utopie concrète fondée sur la liberté absolue des personnes et la coopération.
Ce n’est pas un paradis, car Anarres est un monde pauvre et dur. Mais cela fonctionne. A l’abri d’un isolationnisme impitoyable qui menace maintenant la société anarchiste d’Anarres de sclérose. Pour le physicien anarresti Shevek, la question est simple et terrible. Parviendra-t-il, en se rendant d’Anarres sur Urras, à renverser le mur symbolique qui isole Anarres du reste du monde ? Pourra-t-il faire partager aux habitants d’Urras la promesse dont il est porteur, celle de la liberté vraie ? Que découvrira-t-il enfin sur ce monde d’où sont venus ses ancêtres et que la tradition anarrestie décrit comme un enfer ?

Julia Verlanger
(1929-1985)

Éliane Taïeb, née Grimaître, plus connue sous ses pseudonymes de Gilles Thomas ou Julia Verlanger, est une auteure de science-fiction.

Marge Piercy
(1936-….)

L’œuvre littéraire de Marge Piercy met en jeu les luttes féminismes, les conditions de vies des femmes et les inégalités sociales tout en explorant différents genres.

Parmi la quinzaine de romans que Piercy a publié, elle utilise aussi bien la science-fiction, le roman historique ou la fiction spéculative.

Woman on the Edge of Time (paru en 1976 et finalement traduit en français par les édition Goater en 2022) mélange à une histoire de voyage dans le temps des problématiques liées à la justice sociale, au féminisme, et à la prise en charge des maladies mentales. Ce roman est considéré à la fois comme un classique féministe et de la science-fiction, pour sa mise en œuvre d’une utopie spéculative. William Gibbson salue ce livre comme point d’origine du mouvement cyberpunk comme le dit Piercy dans la préface de Body of Glass (1991)

Une femme au bord du temps
(1976)

« Dans Une femme au bord du temps, Consuelo Ramos, faussement accusée d’avoir abusé de sa fille et internée dans un établissement psychiatrique, rentre en contact avec (ou hallucine l’existence) d’un émissaire d’une future utopie appelée Mattapoisett, qui a surgi au lendemain d’une « révolution féministe complète », une vision d’une Amérique dans laquelle les femmes et les hommes sont véritablement égaux et entiers.

Ce livre de 1976, traduit en français en 2022 seulement, est considéré comme un classique de la littérature féministe et dystopique américaine, à la hauteur de La main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin et La servante écarlate de Margaret Atwood, œuvres auxquelles il est régulièrement comparé. »

Pour plus de détails sur ce livre (que je considère personnellement comme un chef d’œuvre), voir mon article sur la santé (et le validisme) en SFFF.

Joanna Russ
(1937-2011)

Joana Russ est autrice de romans (dont le plus célèbre est l’autre moitié de l’homme, 1975), de nouvelles et d’essais (notamment How to Suppress Women’s Writing, 1983).

Féministe et ouvertement lesbienne, elle est reconnue pour l’engagement et la ferveur dont elle fait preuve dans ses écrits.

Dans l’essai On Joanna Russ par  Farah Mendlesohn, l’introduction présente l’autrice de la façon suivante (je traduis pour vous) :

Dans une lettre fréquemment citée adressée à Susan Kopelman, Joanna Russ écrit qu’elle ne ferait plus confiance à quelqu’un qui écrit sans colère. Je n’ai pas l’intention de commencer par des excuses, par une justification de type « ce n’est pas ce qu’elle a voulu dire » ou par une tentative d’atténuer l’effet de cette rage. A la place, je vais vous introduire une autrice dont la furieuse créativité brule toute forme de complaisance narrative
[…]Dans ses écrits, fictifs et non-fictifs, Joanna Russ rend manifeste sa préférence pour la rupture, elle choisirait l’apparente laideur de la colère et de la rébellion à une beauté empoisonnée.
La rupture, ou le refus d’aller dans le sens de l’Histoire telle que racontée, est le cœur du travail de Russ : on peut le voir [notamment] dans « And Chaos Died » où l’homme gay ne meurt pas de façon ignoble, ni ne devient le sidekick dans l’histoire de quelqu’un d’autre, mais poursuit vers un autre futur. […]Le travail de Russ est métatextuel : en lui-même il se pose comme une critique de la science fiction. […] Un roman comme « L’autre moitié de l’homme » dissèque le monde, la construction de la fiction, les présupposés de la science-fiction, la réponse des critiques, et finalement la réponse des lecteurs d’un lointain futur. C’est aller très loin dans la conscience du genre.
[…]Les écrits de Russ agacent, sont des cailloux dans la chaussure : aiguisés, inconfortables, provoquants. […] Lire Russ peut être fatiguant, émotionnellement déchirant. Russ remet en cause vos analyses les plus radicales. Il n’y a pas d’excuse, pas d’exception ; la gentillesse n’est pas un facteur atténuant des structures oppressives. La différence ne suffit pas. La gentillesse arrondi à peine les angles. Seule la rage suffit. Russ libère sa rage comme un scalpel, dans ses critiques, dans ses essais et dans ses fictions.
[On Joanna Russ, Introduction]

L’ouvre de Russ a été récompenser par de nombreux prix :
– Les prix Hugo et Locus du roman cours pour Âmes (en 1983)
– Le pris Nebula de la nouvelle pour Lorsque tout changea (en 1972)
– Le prix Alice B Reader (en 2008)

The female Male (L’autre moitié de l’homme)
(1975)

Quelle profusion de « J ». Quelqu’un doit collectionner les « J ».
[p211]

Voilà le roman : non seulement trop de J (trop de « Je », si l’on surinterprétè ce qui n’était pas présent dans la version anglaise originale), mais l’affirmation de cette surabondance. Bienvenu.e.s dans la science-fiction méta.

J, c’est d’abord Joanna, l’autrice, qui s’inclut dans l’histoire, qui parle d’elle de ses idées, qui se traite tantôt comme un personnage à part entière, tantôt comme une narratrice omnisciente.

Je le sais parce que je suis l’auteur
[p224]

J, c’est ensuite Janet Evason, venue de Lointemps, pays où les hommes ont disparus, victime d’une épidémie. Janet donne à voir une société différente, peut-être utopique, peut-être pas : sur Lointemps, l’amour est mal vu, les femmes ne font que travailler et n’ont aucun loisirs, sauf quand elles deviennent mère et qu’on leur octroie cinq année de congé, la philosophie repose sur « la nécéssité d’une insatisfaction artificielle »

— Sans laquelle (dit Dunyasha Bernadetteson, op. cit.) nous serions si heureuses que nous resterions assises sur nos bons gros derrières et ne tarderions pas à mourir de faim, nyet ?
[p81]

Je ne voudrais pas vivre là. Reste que le genre n’existe pas, donc les discriminations liées au genre n’existent pas non plus, et cela, cela au moins, donne envie.

Janet, à laquelle nous ne croyons pas et dont nous nous moquons, mais qui secrètement nous sauve du plus profond désespoir.
[p288]

J, c’est encore Jeanine Dadier, qui vit dans un monde proche du notre, mais où l’émancipation des femmes est moins avancée : les hommes ont un petit livre bleu, les femmes un petit livre rose, tous les comportements sont explicitement codés. Jeanine est malheureuse en ménage, mis n’a pas de voie de sortie, elle ne peut faire que suivre les consignes.

Jeanine […] pauvre âme, pauvre fille, pauvre comme-j-ai-été-autrefois
[p288]

J, c’est enfin « Alice Reasonner, dit J. Baptisée Alice-Jaël », la combattante. Elle vient d’un futur en guerre, où hommes et femmes vivent séparément sur deux territoires qui s’affrontent :
– Le Manland fonctionne sur un système de caste où les hommes plus virils règnent sur les membres les plus féminisés qui sont méprisés (y compris par la narratrice, malheureusement : 1/7e des Manlander ne supportent pas l’éducation viriliste et préfèrent transitionner socialement et chirurgicalement, ce qui donne lieu à un commentaire transphobe de type « Comment peut-on aimer quelqu’un qui est un Soi-Même castré ? La véritable homosexualité détruirait le Manland » [p245]).
– Le Womanland est avancé technologiquement et les femmes qui l’habitent se servent de cette avance pour tuer. Jaël ne supporte plus d’écouter des hommes parler d’égalité alors que leur société entière repose sur l’asservissement d’une partie de la population, alors elle laisse gonfler en elle la rage, et elle les assassines avec ses griffes et ses dents en métal.

— Écoute, était-ce nécessaire ? demande l’une des « J » […]—  Que cela ait été nécessaire ou non, je m’en fous, répondis-je. Mais ça m’a plu.
[p250]

Jaël est la colère dévorante qui rassemble toutes les autres.

Alice Reasoner, qui prétend que la tragédie la rend malade, qui dit n’abandonne jamais
[p288]

Toutes ces J entrent en interaction. Il n’y a pas d’histoire, pas vraiment, seulement la mise en comparaison de leur mode de fonctionnement et des leurs tabous respectifs. Toutes les « J » sont une seule et même personne, toutes sont réunies par Jaël, ie par la colère qui transpire dans les paragraphes, qui surgit en sarcasmes. Le livre porte en lui-même sa propre critique :

Des cris… une manière injurieuse… se fiche de l’avenir de notre société… des radotages féministes et dépassés… féministe égoïste… a simplement besoin de se faire baiser une bonne fois… ce livre sans consistance… […] quelques vérités, mais le reste est tellement insensé que… d’un itérêt très limité, de devrais… encore un bouquin à mettre à la poubelle… […] pas de personnages solides, pas d’intrigue… les solutions réellement importante sont ignorées alors que… complétement hermétique… l’expérience limitée des femmes… encore une autre braillarde… une agressivité qui n’est pas engageante…cela aurait pu être écrit avec talent si l’auteur avait… […] un livre de femme… une autre polémique ayant le… un véritable mâle comme moi peut difficilement… une étude brillante mais fondamentalement confuse de l’hystérie féminité qui… manque d’objectivité féminin… cette prétention au roman… désir de choquer… […] les habituelles références inévitables au saphisme… un dénigrement de l’essentiel polarité sexuelle qui… un refus très féminin de considérer les faits… une rudesse pseudo-masculine… du niveau des magasines féminins… la banalité des thèmes comme les travaux ménagers et les plaintes prévisibles de… […]sans forme… l’incapacité d’accepter le rôle de la femmes, qui est de… un acharnement prévisible contre les contraintes de l’anatomie qui ne peut.. […] simplement très mauvais… […]Q.E.D Quod erad demonstrandum. Voilà qui est fait.
[p193]

Des cris, oui, il y en a, des cris de frustration face à un jeu auquel on ne peut pas gagner. Les règles sont faites pour que les femmes perdent, pour qu’elles se marient et c’est tout. Ou bien qu’elles acceptent, si elles font autre chose, de ne plus être femmes.

Je ne suis pas une femme ; je suis un homme. Je suis un homme au visage de femme. Je suis une femme au visage d’homme. Tout le monde le dit.
[p184]

Bref, je me suis transformée en homme.
[Ce] que j’ai apprit lentement, tristement, obstinément, avec une peine atroce, c’est qu’il n’y a qu’un seul moyen de posséder ce qui nous manque, c’est à dire ce dont nous avons besoin, c’est à dire ce que nous désirons.
Il faut le devenir.
[…] Durant des années, j’ai dit Laisse moi entrer, Aime-moi, Approuve-moi, Définis-moi, Dirige-moi, Fais-moi exister, Soutiens-moi. Maintenant je dis Va-t’en. Si nous appartenons tous à l’Humanité, cela signifie […] que je suis moi aussi un Homme, et non une Femme ; […] je crois que vous feriez mieux de dire que je suis un Homme ; il vous faudra désormais écrire sur moi en précisant que je suis un Homme
[p191]

Le livre finit par ses mots :

Sois heureux, petit livre-fille, même si je ne le peux pas […] ; ne te lamentes pas si de jeune personnes te lisent en faisant des pfff, des ah et des bof, se demandant de quoi tu veux bien parler. Ne sois pas triste si l’on ne te comprend plus, petit livre […]Réjouis-toi, petit livres !
Car ce jour là, nous seront libres !
[p289]

J’aurais aimé pouvoir dire que je n’ai pas compris. Mais je comprends, je comprends parfaitement. Bientôt un demi-siècle plus tard, et si je ne partage pas tout, je dois reconnaitre que j’ai le même sens de l’humour discutable, la même envie irrévérencieuse de faire péter la structure narrative, le même besoin surtout de crier face à ceux qui ne comprennent même pas pourquoi on se bat.

Margaret Atwood
(1939-….)

Margaret Eleanor Atwood est l’une des écrivaines canadiennes les plus connues, en particulier pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), publié en français en 1985, qui est adapté au cinéma sous le même titre par Volker Schlöndorff en 1990 et en série télévisée sous le titre The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate en 2017.

La servante écarlate
(1985)

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

La vidéo de Gabylc

Chelsea Quinn Yarbro
(1942-….)

Chelsea Quinn Yarbro a cultivé plusieurs genres, science-fiction, littérature pour enfants et adolescents, romans historiques et d’épouvante.

Elle a écrit plus de 70 romans et une foule de nouvelles. Sa réputation est surtout construite sur les romans où apparaît un vampire nommé d’après le personnage historique du Comte de Saint-Germain.

Outre ses activités d’écriture elle a composé de la musique, pratiqué la chiromancie et la lecture des tarots. Elle joue de sept instruments différents, dont le piano, pratique le chant, et étudie la musique.

Fausse Aurore
(1978)

L’Apocalypse, c’était hier. A force de consommation effrénée, de pollution, de catastrophes nucléaires, le système a fini par craquer et la Terre est retournée à l’état sauvage. De civilisation il n’y a plus l’ombre et c’est au jour le jour qu’il faut tenter de survivre.

 

Octavia E. Butler
(1947-2006)

Octavia E. Butler publie des nouvelles dès 1971 et reçoit le Prix Hugo grâce à elles. En 1994, elle reçoit prix Nebula pour son roman La Parabole des talents, second tome du cycle des Paraboles. L’année suivante, en 1995, elle est le premier écrivain de science-fiction à gagner le prix Genius de la Fondation Mac Arthur Grant.

Dans de multiples entretiens et essais, Octavia Butler a expliqué sa vision de l’humanité comme intrinsèquement viciée par une tendance innée à la pensée hiérarchique qui mène à l’intolérance, à la violence et, si elle n’est pas stoppée, à la destruction ultime de notre espèce. les histoires d’Octavia Butler traitent de la manipulation génétique, le croisement, le métissage, la symbiose, la mutation, le contact extraterrestre, le sexe non consensuel, la contamination et d’autres formes d’hybridité comme moyens de corriger les causes sociobiologiques de la violence hiérarchique.

 

La parabole du semeur
(1993)

Californie, 2025. Exclusion, misère, violence atteignent des proportions inégalées. A quinze ans, Lauren, fille d’un pasteur noir, est jetée sur les routes après le massacre de sa famille. Dans ce monde détruit, elle trace son chemin à travers le chaos, semant une parole d’espoir et de paix pour les déshérités, et plaidant pour une humanité nouvelle.

Vonda N. McIntyre
(1948-….)

Vonda N. McIntyre a fait des études scientifiques et plus particulièrement de génétique. Elle gagne de nombreux prix (dont le Nebula à plusieurs reprise, le Hugo) notamment pour ses romans Le serpent du rêve et Le lune et le roi soleil.

Elle a également écrit un certain nombre de romans de la série des Star Trek et Star Wars, ainsi que la novélisation du film La Fiancée de Frankenstein, sous le titre La Promise.

Le serpent du rêve
(1978)

Serpent est une guérisseuse. Formée depuis sa plus tendre enfance à soigner les gens de maux tels qu’empoisonnements, fièvres, maladies plus ou moins bénignes, grâce à une synergie entre elle et ses trois serpents, elle apporte bénévolement ses services à ceux et celles qui croisent son chemin, comme tout guérisseur qui se respecte. Car cette année, elle doit aller faire son expérience de guérisseuse dans l’inconnu, et faire son chemin dans le grand désert. C’est au cours d’une de ses premières interventions qu’elle perd son serpent du rêve…

Joëlle Wintrebert
(1949-….)

Joëlle Wintrebert a écrit principalement de la science-fiction, mais elle est également scénariste, anthologiste, auteur de livres pour enfants et journaliste.

Elle a reçu à trois reprises le Prix Rosny aîné : pour sa nouvelle La Créode et pour deux de ses romans : Les Olympiades truquées, et Pollen.

Son roman Le Créateur chimérique a obtenu le Grand Prix de la science-fiction française en 1989.

Les olympiades truquées
(1980)

Sphyrène est une nageuse d’exception, supérieurement douée. L’espoir des prochains Jeux Olympiques. On contrôle son mental. On lui fait prendre des drogues. Mais quand la dose est trop forte, la violence se déchaîne.

Quant à Maël, elle essaie juste de comprendre ce qu’elle est. Le clone de sa mère morte.

Et dans un monde où le clonage humain sert à renouveler le corps des nantis, où d’étranges mutations bouleversent la notion de sexualité, les itinéraires des deux jeunes filles vont se croiser. Car elles tiennent à la liberté de leur corps et à leur vie de femme.

Lois McMaster Bujold
(1949-….)

Lois McMaster Bujold  est célèbre pour sa saga  Vorkosigan qui exploite des genres et sous-genres variés de la science-fiction.

Lois McMaster Bujold a gagné quatre fois le prix Hugo du meilleur roman, exploit égalé seulement par Robert Heinlein. Elle a également gagné deux fois le prix Nebula et deux fois le prix Locus.

La saga Vorkosigan T1 : Opération Cay
(1986)

Nouvellement affecté sur une station orbitale, l’ingénieur Leo Graf y découvre que l’entreprise qui l’emploie a créé par génie génétique une nouvelle race totalement adaptée à l’impesanteur : les quaddies. Dotés d’une constitution particulièrement résistante, d’un métabolisme leur permettant de compenser la fragilisation osseuse causée aux humains par la vie en impesanteur, leur trait le plus marquant reste la présence d’une seconde paire de bras à la place des jambes. Leo est chargé d’enseigner à ces élèves particuliers sa profession, en vue d’en faire de parfaits employés au service de sa compagnie. Mais sur la lointaine colonie Beta, une nouvelle invention remet en cause l’existence même des quaddies : avec l’apparition de la gravité artificielle, des ouvriers adaptés à l’impesanteur cessent d’être rentables. L’avenir des quaddies est compromis s’ils restent au service de la société qui les a créé… et qui légalement les possède. Leo Graf, se rendant compte du danger, les aide à organiser leur évasion.

5 comments

  1. Super article, merci beaucoup !

    Si jamais on peut en suggérer des ajouts, je propose Connie Willis : des historiens avec des machines à remonter le temps, ça donne des cours d’histoire très vivants et documentés.

    Son dernier diptyque est pour moi le meilleur : Black Out et All Clear, sur le Blitz, les bombardements de l’Angleterre durant la seconde guerre mondiale.

    1. Merci ^^
      Et oui, toutes les suggestions sont bienvenues \o/
      Connie Willis est sur la liste en attente, avec d’autres, qui ont publié plutôt dans les années 90 (donc plus tard) :
      – Pat Cadigan, Les Synthérétiques – 1991 (nouvelles dans les année 80)
      – Elisabeth Vonarburg, Chroniques du Pays des mères – 1992 (ou Janus, 1984)
      – Lois Lowry, Le Passeur – 1993
      – Connie Willis, Le Grand Livre (début du cycle Oxford Time Travel) – 1993
      – Mary Doria Russel, Le moineau de dieu – 1996
      – Nalo Hopkinson, La Ronde des esprits – 1999

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